Le Queen Charlotte Track, un bras de terre en mer
Ce lundi, nous embarquons sur le ferry qui relie l’île du Nord à celle du Sud. Ce bateau doit nous conduire de Wellington à Picton à travers le détroit de Cook et dans le dédale des fjords qui dentellent la partie Nord de l’île du Sud. Ensuite, un bateau taxi nous attend afin de rejoindre Ship Cove, le point de départ du Queen Charlotte Track, notre nouvelle étape sur le Te Araroa.

Nous sommes seuls à débarquer sur le ponton de Ship Cove. Le capitaine dépose nos sacs à dos sur le quai et repart pour une autre rotation après nous avoir saluer. Seuls à la pointe du fjord dans une baie idyllique, nous reprenons nos esprits. Impression de bout du monde. La nature rayonne de toute sa splendeur : les fjords, la forêt, la faune et surtout, la mer, bleu turquoise. Tels deux robinsons, nous explorons les lieux et leur histoire. L’explorateur, James Cook s’y est rendu plusieurs fois entre 1770 et 1777. La première fois, il planta le drapeau anglais sur la petite île de Motuara au centre de la baie. Il y rencontra les Maoris et réalisa quelques transactions avec eux. Ensuite, il revint régulièrement pour mettre son bateau à l’abri des vents du détroit qui porte son nom et permettre à son équipage de reprendre des forces avec les produits de la pêche et de la cueillette. Il avait raison, James, on se sent bien dans cet endroit calme et paisible. Pourtant, notre esprit est tourmenté par les évènements survenus en France. Difficile de s’emerveiller de la beauté de ce paysage sans ressentir une émotion vive. Nous pensons à notre pays, à vous. Notre corps est bien ici sur cette île mais notre esprit est ailleurs, un peu embrumé. Malgré tout, nous continuons à avancer, comme chacun d’entre vous, j’en suis sûr. La mer est si bleue. Le soleil nous éclaire et nous réchauffe comme jamais il ne l’avait fait depuis notre arrivée en Nouvelle Zélande, à croire que la nature veut nous aider à nous ramener au présent, ici et maintenant. Allons, marchons… Le voyageur sait bien que l’effort permet de reprendre ses esprits.




Le sentier se dessine sur la crête du fjord, oscillant entre 200m et 500m d’altitude. Il serpente de baie en baie offrant des points de vue magnifiques pour le plaisir des yeux. La nature est luxuriante. La fougère argentée est toujours présente mais nous découvrons également des Manukas et plusieurs sortes de pins. Assez rapidement, nous faisons la connaissance du Weka, un oiseau de la taille d’une poule, de la famille des rallidés. Il dispose d’un long bec dont il se sert pour trouver sa nourriture et se défendre. L’une de ses particularités est d’être incapable de voler, mais cette caractéristique est toutefois partagée par de nombreuses autres espèces en Nouvelle-Zélande comme le fameux Kiwi. Nous apprendrons plus tard à nos dépens que ce sont aussi de véritables voleurs de dîner de randonneurs.

Nous sommes en forme, nous marchons à un bon rythme. Il faut dire que rarement le Te Araroa nous avait offert un aussi bon chemin. Le Département Of Conservation a aménagé des aires de bivouacs paradisiaques, tantôt au bord de l’eau, protégées par la baie ou bien perchées sur la crête. Partout, le bruit des vagues, du vent, des oiseaux. Nous sommes seuls au monde sur notre presqu’île. La météo change vite. Nous passons d’une journée ensoleillée à une autre très froide et venteuse puis de nouveau du soleil, et enfin une bonne averse pour nous rappeler que nous sommes toujours bien en Nouvelle Zélande. Chaque baie se dévoile comme un écrin. Nous ne nous lassons pas de la vue sur cette étendue bleue turquoise si calme, à l’abri des remous du grand large. Nous partageons ce petit paradis avec les fameux Wekas. Ils nous font très vite comprendre qu’ils se délecteraient bien de nos rations : pâtes, riz et muesli sont les objets de leur convoitise. Dès le premier soir, nous voyons détaler l’un de ces intrépides volatiles avec en son bec en guise de butin notre précieux sachet de riz prévu pour le dîner. Une accélération, trois enjambées et deux coups de bec laissent le temps au voleur d’entamer son repas sous un bosquet. Nous ne tardons pas à le récupérer, l’animal ayant finalement préféré abandonner la partie. Chaque jour, à notre arrivée sur une nouvelle aire de bivouac, un Weka nous accueillera et viendra se renseigner sur le menu du soir. Prudence est donc de mise pour garder nos vivres hors de portée.

Le sentier du Queen Charlotte Track s’achève à Anakiwa, un paisible petit port de pêche. Il ne nous reste plus que quelques kilomètres par la route pour atteindre Havelock, réputée pour être la capitale mondiale de la moule verte!
Bateau, Wêka et Fjord en image :
Nous aussi on écoutait « The Do » vendredi 13 novembre, Olivia (la chanteuse) a même dit « Quelle chance pour un vendredi 13″….
https://www.youtube.com/watch?v=PgKZNI2-EHY
« Maintenant
Fais ce que je te demande de faire
Ne parle pas
Pars
Maintenant
Fais ce que je te demande de faire
Garde ton sang froid
Ne me trahis pas »
Toute cette beauté que vous nous faites partager! Cela fait du bien en cette période très difficile. Bravo l’idée du drapeau! Vous savez qu’ici les drapeaux français s’arrachent et qu’il y a des ruptures de stock? Demain ils devraient être partout pour l’hommage national aux victimes, 2 semaines après.
Bonne continuation. Nicole